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Depuis quelques années Le Tripode fait connaître l'oeuvre de l'estonien Andrus KIVIRÄHK avec le succès que l'on sait, en particulier pour L'homme qui savait la langue des serpents, doté du Grand Prix de l'Imaginaire en 2014, Les groseilles de novembre ne déméritant pas pour autant.

Le Papillon est présenté comme le premier roman de l'auteur. Dans un format court (136 pages), il s'attache à raconter l'histoire d'une troupe de théâtre dans la première moitié du XXème siècle. Le narrateur est un membre de cette troupe qui, de sa jeunesse à sa mort, témoigne depuis sa tombe d'une vie dédiée à la comédie dans un contexte politique et social chaotique. Car l'Histoire de l'Estonie ne connait guère que l'occupation et l'oppression, son peuple étant habitué à allier simplicité et courage face à des injustices récurrentes. Ainsi, meurtri par les deux guerres mondiales, le pays connaît enfin l'indépendance en 1920, laquelle n'est que de courte durée puisque bientôt rattrapée par les velléités de l'Armée rouge. Dès lors, sous la plume de KIVIRÄHK, la troupe de comédiens mise en scène se dresse comme le dernier rempart de l'Humanité face à la barbarie.

Les lecteurs habitués de l'oeuvre de l'estonien ne seront pas surpris de retrouver un imaginaire riche dans un contexte particulièrement lourd. Il découvrira par exemple un comédien loup-garou ou un sinistre chien gris personnifiant la Mort, mais également une femme papillon, épouse du narrateur, donnant son titre au roman. Le roman se distingue néanmoins par le recours à des personnages historiques, nombre de comédiens mis en scène ayant réellement existé (il est toutefois peu probable qu'un français s'en rende compte au fil de la lecture), et par son ton bien plus grave que dans les deux premières publications françaises de l'auteur.

Cela ne signifie pas que Le Papillon est totalement dénué d'humour. Il est bel et bien présent, mais le sujet traité est si grave que, dans sa globalité, le récit est avant tout mélancolique. A bien des égards, la sensation de lecture, et toutes choses égales par ailleurs, pourra rappeler quelques-unes des scènes les plus tragiques de L'homme qui savait la langue des serpents.

Au final Le Papillon est un superbe texte, (trop !) vite lu, qui ajoute une nouvelle ligne recommandable à la bibliographie d'un auteur véritablement à part dans les littératures de l'imaginaire. Incontestablement, on en redemande.

CITRIQ
Le Papillon - Andrus KIVIRÄHK (Liblikas, 1999), traduction de Jean Pascal OLLIVRY, illustration de Denis DUBOIS, Le Tripode, 2017, 160 pages

Le Papillon - Andrus KIVIRÄHK (Liblikas, 1999), traduction de Jean Pascal OLLIVRY, illustration de Denis DUBOIS, Le Tripode, 2017, 160 pages

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