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Vladimir SOROKINE est un écrivain russe associé au postmodernisme. Son oeuvre est une arme contre le totalitarisme qui lui vaut d'ailleurs quelques ennuis avec le pouvoir en place dans son pays d'origine.

Le plus souvent édité en France par L'Olivier, Actes Sud prend la relève avec Telluria pour sa collection Exofictions. Il est vrai que le roman se présente comme une anticipation, et même comme une dystopie dans laquelle le monde tel qu'on le connaît, en particulier le continent européen, a explosé en une multitude de petits états indépendants. Le nouvel ordre mondial a été provoqué par les wahhabites et les talibans qui sont même parvenus à démanteler ce qui restait de la Russie. Tout le continent semble connaître un Nouveau Moyen Âge pendant lequel les Hommes doivent composer avec la pénurie de pétrole et de gaz. Parmi tous ces petits états c'est un des plus petits qui semble tirer son épingle du jeu, à savoir Tellurie, au coeur de l'Altaï, dirigé par un français et qui détient le monopole de l'extraction du tellure, métal désormais matière première d'une drogue dure, seule capable de procurer le bonheur. Quand les repères sociétaux ont disparu et que l'insécurité règne partout, il s'agit d'une ressource que le monde entier consomme et jalouse.

En cinquante chapitres SOROKINE dépeint autant de petites scènes à travers tout le continent européen. Il rend compte de manière décousue et allégorique, et en adaptant son style à chaque chapitre, de différents stades de la dégénérescence de l'Humanité, couplée à une technologie avancée. Sa technique narrative rend son récit si complexe que le lecteur inattentif pourrait bien avoir du mal à identifier la trame de son roman. On peut peut-être toutefois y distinguer un appel pour un retour à la nature ici et là, en particulier en fin de roman. Ajoutons encore que les références plus ou moins explicites aux cultures slaves sont innombrables et ne facilitent pas la compréhension globale du récit.

Pour toutes ces raisons, Telluria est un roman intéressant, mais exigeant. Il est donc à réserver à un lectorat averti.

CITRIQ
Telluria - Vladimir SOROKINE (Telluria, 2013), traduction de Anne COLDEFY-FAUCARD, illustration de Santiago CARUSO, Actes Sud collection Exofictions, 2017, 352 pages

Telluria - Vladimir SOROKINE (Telluria, 2013), traduction de Anne COLDEFY-FAUCARD, illustration de Santiago CARUSO, Actes Sud collection Exofictions, 2017, 352 pages

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